Pages blanches, taches d'encre et réflexions d'un idéaliste

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mardi 17 juillet 2007

Folle fin de semaine : Samedi 14 juillet

Samedi 14 juillet, quelquepart dans un magasin parisien, un provincial luttait farouchement contre des clients bornés.
Dans le sous-sol, armé de ses seuls chaussons, il devait affronter des hordes de débutants en escalade, voulant du matériel très technique tout en refusant l'inconfort, voire la douleur provoqué par ceux-ci, et donc, les choisissant mal.
Heureusement, dans sa lutte il n'était pas seul. Allié providentiel, un collègue avait ramené à l'occasion de son départ en vacances un cocktail au rhum. Fortement alcoolisé, le subtil breuvage n'en restait pas moins sucré et il faut le dire se buvait particulièrement bien. Au rythme d'un petit verre toutes les 3 heures, le S'krib revigoré à coup de recette miracle tint bon toute la journée, oubliant même de partir à l'heure.

Vous l'aurez compris, après cette journée passionnante, une soirée plus palpitante m'attendait. J'avais rendez-vous avec Aurélie et sa famille sur le champ de Mars pour assister au concert et au feu d'artifice de la fête nationale.
Je me rends sur place à peu près sans problème, le RER s'arrêtant 2km plus loin que prévu. J'avale la distance et finalement j'arrive à temps pour assister au show (chaud) de Nelly Furtado. Cependant, déjà la population présente me saisit. Si je suis moyennement fan en tant normal, c'est beaucoup plus sympa à voir et à entendre en live.
Après ça, j'essaie de joindre Aurélie, que je ne trouve pas. Le réseau est saturé. Des centaines de milliers de personne au même endroit, je suis bête de ne pas y avoir pensé. Difficile de se joindre, encore plus de se rejoindre. Nous passons vraisemblablement la soirée à 20/25m l'un de l'autre, j'aurais beau scruter la foule, je n'apercevrais pas la famille Sétoise. Je hais sortir en public seul. Allez comprendre, je suis un solitaire, j'aime m'isoler, en revanche être seule au milieu d'une foule enthousiaste me rappelle une trop grande solitude, m'inquiète, me déprime. C'est ainsi que commence le concert de Michel Polnareff. Je suis morose et ne partage pas la liesse générale.
Petit à petit, je me laisse gagner par la joie, je me surprends même à chanter à une ou deux occasions, des refrains, ne connaissant aucune chanson entière. A la fin du concert, je me suis rapproché d'un groupe de jeunes bien en forme. Ils m'ont sans doute transmis un peu de bonne humeur.
Quand Polnareff salue, je suis impressionné par la foule qui s'étend tout autour de moi. Nous sommes des centaines de milliers, je n'ai jamais vu autant de monde, je n'ai jamais été au milieu de tant de monde. C'est à la fois excitant et inquiétant de se dire que tout ce monde est là réunit, tous ou presque d'une seule et même nation, rassemblés pour partager un moment inoubliable en commun. Pour le provincial que je suis, c'est une première. Je rappelle que ma petite ville compte seulement un peu plus de 10 000 personnes.

La nuit est tombée, le concert se finit, après les applaudissements, règne un calme tout relatif. La foule se tourne. La tour Eiffel, ombre gigantesque, imposante devient le centre de tous les regards.
Et là, pendant près d'une demi-heure, le spectacle est grandiose. Contrairement à tout ce que j'avais pu voir jusqu'à maintenant, il y a un fond sonore, qui me touche d'autant plus que c'est sur le cinéma. James Bond, Pulp Fiction, le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, Harry Potter, Star Wars et d'autres dont je ne me rappelle plus... Des fusées par centaines à chaque tableau, des musiques que je connais et que j'apprécie, les applaudissements de centaines de personnes.
Je suis conquis, je suis ravi et j'en ai des frissons. Jamais je n'ai vu quelquechose d'aussi grandiose en compagnie d'autant de monde. A Paris, avec des milliers de français, un jour de fête nationale, j'ai l'impression que ce moment et ce lieu incarnent mon pays. Il n'y a rien de vraiment comparable. Je n'ai jamais rien ressenti de comparable. Durant tout ce temps, j'oublie ma morosité. ce moment est parfait.
Hélas, les meilleurs choses ont toujours une fin ! Déjà je file, pressentant le ... bordel à venir. Je me faufile. La foule se disperse, dans toutes les directions, bifurquant à chaque croisement, mais jamais le flot ne semble se tarir. Je tente de m'éloigner, en marchant vite. Plus je dépasse de gens, plus il s'en présente devant mon regard. Enfin, apparaît une gare de métro, je m'engouffre dans le torrent humain qui y rentre, c'est une foule pressée et pressente. Je suis franchement pas rassuré, il y a trop de monde pour moi.

Je suis sur le quai de la gare depuis un moment déjà. Les métros passent, bondés. Peu de gens arrivent à monter dedans. Il n'y a plus de place, plus d'espace, il fait chaud et j'ai la tête qui tourne. Ma journée a été fatiguante, j'ai peu dormi les jours précédents, peu mangé et encore moins bu. Entre deux métros, je m'accroupis, espérant en voir un un peu moins chargé que les autres, peine perdue. J'échange quelques mots avec deux filles, nous sommes tous logés à la même enseigne, mais certains sont plus patients, j'en fais parti. D'autres au contraire poussent, forcent la passage, s'entassent et s'écrasent sans se préoccuper que dans les rames, des gens sont peut être déjà mal, écrasés et gênés par la chaleur. En groupe, l'humain devient particulièrement débile, j'en ai des exemples particulièrement flagrant sous les yeux. Mes compagnes d'infortunes arrivent à se jeter dans un métro, j'ai ai marre, je rentre dans le prochain quoiqu'il arrive.
Arrive une rame justement, bien remplie encore, mais je suis fin, il me faut peu de place. Sac à la main, solidement tenu, je me jette entre deux personnes et bloque le passage, il n'y a vraiment plus de place. Devant moi deux petites filles émergent difficilement entre les adultes. Si quelqu'un rentre derrière elles finiront écrasée. Ainsi, aux stations suivante je ne bouge pas, empêche les gens de monter, et je crie même (très rare) quand certains essaient de forcer.
Finalement, j'arrive à Denfert, direction le RER pour m'apercevoir que... contrairement à ce que nous avaient dits les contrôleurs, les RER n'ont pas été prolongés aussi longtemps que les métros. Je suis bloqué sur Paris. Dans un rapide échange de sms, je conviens avec Leely d'un point de rendez-vous, faute de la retrouver durant la soirée, je la retrouve après, elle peut m'héberger: au moins ne dormirai-je pas dehors !
Il est une heure trente passée, je la rejoins non loin de son appartement, j'arrive en courant, exténué mais rassuré de savoir ou dormir. J'ai déjà rencontré sa soeur, mais pas ses parents. Transpirant, le visage défait, à cette heure-ci, des conditions parfaites pour des présentations. Rapidement nous nous couchons, à même le sol roulé dans une couette, je m'endors dans un sommeil réparateur, et je grave pour de bon dans ma mémoire ce que je viens de vivre.

Merci Leely pour m'avoir sauvé/hébergé jusqu'à la fin de matinée, et à bientôt IRL !

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